Du haut de ses 40 ans, le Défi sportif AlterGo se targue d’être un événement inclusif. Et inclusif, il l’est. Mais qui dit inclusion dit aussi connexion, qui dit compréhension… Dans la plupart des grands événements, qu’on parle français ou anglais, le domaine de l’orale est couvert. Qu’en est-il de la langue des signes québécoise (LSQ)? Qu’à cela ne tienne! Le Défi sportif AlterGo fait appel à des interprètes professionnelles du Service d’interprétation visuelle et tactile (SIVET) pour rabattre l’isolement des personnes sourdes lors des cérémonies d’ouverture et des remises de médailles qui ponctuent les matinées des 10 jours de compétition. Rébecca Bibeau est l’une d’elles.

Sa présence et son expertise, ainsi que celles de ses collègues, ont vraiment facilité la vie des personnes malentendantes lors du Défi sportif AlterGo. D’ailleurs, qu’a-t-elle pensé de l’événement?

« Je pense vraiment que c’est un bel événement. Le fait que des activités comme ça permettent à des gens qui ont des limitations fonctionnelles de se réunir et d’oublier leur handicap, je trouve ça vraiment incroyable. Je crois qu’il devrait y avoir plus d’organismes du genre. Ça encourage l’inclusion. D’autant plus que les personnes sourdes, qu’on oublie parfois, peuvent participer aussi. »

Née de parents sourds (soit dit en passant, les personnes sourdes ne sont pas nécessairement muettes), Rébecca Bibeau a appris la Langue des signes québécoise avant le français, à la maison. Une communication naturelle dont l’apprentissage n’est pourtant pas dénué de difficultés.

« C’est surtout au niveau de l’interprétation. À la maison, la langue qui se développe est plus familière. Le registre n’est pas le même si je travaille dans le cadre d’une conférence par exemple. La difficulté dépend aussi du niveau de langage de la personne sourde. Je dois m’ajuster à elle. Ça sonne un peu étrange, mais je dois prendre l’identité de l’émotion de la personne. C’est ça le défi d’une interprète : d’être à la hauteur de la personne à qui on s’adresse, de ce qu’elle ressent. »

Faire preuve d’une certaine empathie sans pour autant être complètement teinté par l’émotion de l’autre. D’autant plus qu’il faut parler au « je » et que la variété des milieux où on peut exercer le métier amène à se frotter à des situations inusitées, parfois émotionnelles.

« Le contexte le plus intéressant où j’ai travaillé était lors d’accouchements. On peut aussi devoir annoncer un cancer ou un décès. Mais l’accouchement, au niveau émotionnel, ça a vraiment été une belle expérience. »

Étant une CODA (Child of deaf adult ou, en français, EEPS : Enfant entendant de parents sourds), Rébecca Bibeau occupe une position privilégiée. Elle peut apprécier le contraste entre les univers entendant et malentendant ; elle constate que, puisque la société est régie par le premier groupe, le second reste dans l’ombre. Un courant électrique est donc nécessaire pour faire la lumière.

« En exerçant mon métier, j’aide à atteindre l’équité. J’aide à rendre la communication accessible. Je trouve ça sincèrement triste qu’une personne soit mise à part parce qu’elle n’arrive pas à entendre. Être l’oreille d’une personne sourde tout en étant la bouche d’une personne entendante, c’est un rôle vraiment riche. »

L’interprète confie qu’à coup sûr, elle reviendrait l’année prochaine si on le lui proposait. Le Défi sportif AlterGo n’attend que ça!

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