« Never stop being a seeker » ou, en français, ne cesse jamais d’être curieuse. Cette phrase, écrite par une amie de Marie-Claude Molnar dans une lettre qui lui était destinée, a marqué l’ancienne athlète en paracyclisme. Entretenir sa curiosité, explorer, s’instruire et toujours aller de l’avant. Ces mots identifient la manière d’être de l’athlète ambassadrice du 40e Défi sportif AlterGo. Même lorsqu’une voiture l’a happée à plus de 110 kilomètres à l’heure alors qu’elle roulait en vélo sur le bord d’une voie d’accotement, Marie-Claude, entre son séjour à l’hôpital et ses séances à l’Institut de réadaptation de Montréal, a continué de regarder devant.

 

Tomber

L’accident a eu lieu en juillet 2005 alors qu’elle avait 21 ans. Le résultat laissait peu de place à l’imagination : un traumatisme crânien léger, une double amputation partielle des bras et une vingtaine de fractures à la jambe gauche. N’importe qui aurait été abattu. Mais pas Marie-Claude.

« L’accident était arrivé et, miraculeusement, j’étais encore là. La seule direction que je voyais qu’il était possible de prendre était vers l’avant. J’ai été trois semaines à l’hôpital puis trois autres à l’Institut de réadaptation de Montréal où il y a eu des traitements d’ergothérapie et de physiothérapie. Vers septembre et octobre 2005, je suis retournée à la maison. La récupération s’est ensuite faite à l’externe. Avec le temps, j’ai trouvé des moyens de continuer à m’améliorer. »

 

Se relever

C’est d’ailleurs à l’Institut de réadaptation que Marie-Claude a vu pour la première fois une affiche du Défi sportif AlterGo. Dessus, il y avait Marc Breton, un paracycliste à qui il manquait un bras.

« Je me suis dit que si lui est capable de faire ça et qu’il lui manque un bras, moi, avec tous mes morceaux, je serais surement capable de faire ça aussi. »

L’idée est demeurée sur la glace jusqu’en 2007 et 2008 où Marie-Claude a commencé à faire plus de recherches sur le sujet. Elle est entrée en contact avec l’Olympienne Lyne Bessette, une coureuse cycliste qui se trouve à être parmi ses nombreux modèles. Cette dernière l’a présenté à Louis Barbeau, le directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes. Monsieur Barbeau lui a expliqué ce qu’était le paracyclisme et l’a mise en contact avec un entraineur.

 

Exceller

Sous la résilience dont elle a fait preuve couvait une passion pour le vélo. Un feu que même l’accident a échoué à éteindre. Pour réussir en compétition, il faut toutefois plus que de la passion. C’est l’affaire de plusieurs années d’entrainement. Il faut y investir beaucoup de patience, car les résultats attendus tardent parfois à se montrer le bout du nez. Une détermination à toute épreuve est aussi nécessaire : il faut par moment savoir faire de gros compromis. Voire même des sacrifices.

Tout ça tombait sous le sens pour elle. C’est ce qu’on ressent quand elle explique ce qui l’allume le plus lors d’une course.

« Mon moment préféré était vraiment durant la course, parce que j’en venais à être totalement concentrée sur ce que je faisais, j’étais dans le moment présent. C’est d’une importance absolument capitale que d’être dans le moment présent. Si tu en sors, tu peux commencer à faire des erreurs, à ralentir, à prendre un virage pas nécessairement de la meilleure façon. Il faut entrer dans une bulle. »

Multiple championne canadienne, l’athlète ambassadrice a de quoi en inspirer plus d’un. Parmi ses exploits, notons les deux médailles de bronze qu’elle a remportées en 2011 et en 2012, une en poursuite individuelle aux Jeux parapanaméricains et l’autre dans la course contre la montre aux Jeux paralympiques, respectivement. C’est aussi en 2012 qu’elle gagne une épreuve du circuit de la Coupe du monde, une réalisation à laquelle succède une médaille d’argent aux Championnats du monde en 2013. Elle a aussi été championne du monde en course sur route et contre‑la‑montre en 2021.

 

Continuer

Marie-Claude a pris sa retraite du paracyclisme même si elle participe encore à des évènements qui comprennent des courses et des compétitions régionales. Elle est présentement en transition et tente de réintégrer le vélo à sa routine. Comme pour bon nombre de sportifs, amateurs ou athlètes professionnels, le sport lui procure un équilibre mental. Il participe au fondement d’une routine et apporte une foule de bénéfices pour l’esprit et le corps. Sans cette structure intégrée à son quotidien, comment fait-elle pour garder cet équilibre?

« Si je m’étais retrouvée sans travail après ma carrière de paracycliste, ça aurait probablement été plus difficile que ce que je vis en ce moment. Après avoir fait partie d’une équipe pendant un peu plus d’une décennie, j’ai trouvé un travail dans le Réseau des femmes en environnement qui m’a permis de joindre une autre équipe avec laquelle la dynamique est formidable. Ça m’aide énormément à garder cet équilibre‑là. »

D’autant plus que la compétition exerçait ses contraintes de temps, du temps que Marie‑Claude peut dorénavant passer à lire, à visiter des musées, des expositions, des spectacles. Du temps, ultimement, passé à nourrir sa curiosité. Mais il y a plus. Outre son travail, elle est ambassadrice pour le club cycliste Les Cyclopétards. Aussi, elle est associée à Fast and Female et à Fillactive, un organisme qui contribue à encourager les jeunes filles et les adolescentes à faire du sport.

 

Inspirer

Pour Marie-Claude, le Défi sportif AlterGo sert surtout à braquer les projecteurs sur un groupe de personnes qui mérite amplement d’avoir plus de visibilité. À ses yeux, le sport permet à ces personnes de mieux s’intégrer dans la société. Elles prouvent qu’elles sont capables de faire ce que font les autres. C’est une question de déconstruire l’image que nous avons d’un individu avec un handicap, de changer notre conception selon laquelle il a de la difficulté à vivre avec sa limitation.

« Dans mon cas, le Défi sportif AlterGo a été la porte d’entrée sur une carrière internationale. On ne sait pas où peut mener le Défi pour une personne avec une limitation. »

On lui demande ce qu’elle attend de l’avenir. Elle compte bien poursuivre ses recherches sur l’impact des sports et loisirs sur l’environnement et dédier son temps et son énergie à des causes qui lui tiennent à cœur. Elle va rester engagée et va contribuer à faire avancer les choses, un plan qui colle parfaitement à sa personne.

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