La très grande majorité d’entre nous grandit avec l’idée que l’indépendance d’un individu est inaliénable. Mais on oublie trop souvent que cette même indépendance est en étroite relation avec les capacités motrices du corps. Est‑ce que quelqu’un qui est aux prises avec une limitation physique peut jouir pleinement de sa liberté? Alors que Marylou Martineau était âgée de six mois, ses parents ont dû faire face à la réponse. L’indépendance de leur fille, sa liberté de se mouvoir et d’accomplir des tâches de base, était compromise. Et pourtant… Cette même limitation, avec leur aide, a ouvert des portes insoupçonnées à la jeune femme.

 

La limitation, génèse d’opportunités

Marylou est née le 22 novembre 2000 et bien vite, ses parents, Josée et Louis, ont compris que sa vie allait être différente de la majorité des gens. C’est parce que Marylou a une paralysie cérébrale. Elle ne peut pas se déplacer sur ses jambes. Elle a de la difficulté à saisir des objets avec ses mains. Si elle a tout le contrôle de sa main droite, la gauche est sujette à des spasmes.

Jonchée d’obstacles, la vie de Marylou a parfois été difficile, surtout lorsque les défis de l’adolescence ont cogné à sa porte. Mais Marylou considère avoir une belle vie maintenant et elle en est très reconnaissante à sa mère. Elle a tout le temps plein de projets et le boccia est probablement en tête de peloton.

 

Le boccia, source de dépassement

C’est à l’école qu’elle s’y est initiée dans le cadre d’un programme scolaire d’éducation physique adaptée. À l’époque, elle était loin de songer à participer aux Jeux paralympiques et d’entrer en compétition avec des adversaires de partout autour du globe. C’est lorsque sa mère remplissait un formulaire d’inscription pour inscrire sa fille à une chorale qu’elle a vu qu’elle pouvait aussi l’inscrire au boccia, une première hors du cadre scolaire. L’inscription a été rapide.

C’est à force de gagner des médailles d’or que s’est démarquée Marylou. On l’a recruté en 2016 au sein de l’équipe nationale de boccia. En mars de la même année, elle a participé aux Championnats du monde à Pékin pour ensuite prendre part, l’été suivant, aux Jeux paralympiques de Rio où elle a terminé huitième en double BC3. 2 ans plus tard, elle a gagné sa première médaille de bronze en individuel à Sao Paolo. En 2019, au Pérou, elle a obtenu une autre médaille de bronze lors des Jeux parapanaméricains. Pas mal pour une jeune fille qui n’a pas encore 20 ans!

« J’étais fière, mais surtout surprise d’être l’une des plus jeunes athlètes de boccia. À 15 ans, faire partie d’une équipe paralympique, c’est juste incroyable. Je regardais les Jeux paralympiques à la télévision et je me disais que si un jour je me rendais là, ça serait extraordinaire. Et en 2016, j’étais rendue là! »

 

Les parents, toujours présents

Le père de Marylou, Louis, est coach de boccia. Il en arbitre aussi des parties. Il partage donc ce lien avec elle. Toujours de bonne humeur, il apporte de la joie de vivre, propose des exercices à sa fille et donne toujours de bons conseils. Mais parmi tous ces exploits sportifs, soulignons le travail de Josée, c’est‑à‑dire la partenaire de performance et l’accompagnatrice de Marylou. Josée est toujours à ses côtés. Les deux femmes ont une bonne chimie, une bonne communication, un élément essentiel pour arriver à ses fins au boccia.

« Il faut que je m’assure qu’elle bouge bien la rampe, explique l’athlète ambassadrice. Une chance qu’elle a une patience infinie, parce que ce n’est pas toujours évident. »

Pour Josée, que Marylou lui dise quoi faire lors d’une partie de boccia est devenu habituel. Qu’elle en profite, car ça n’arrive pas souvent!

Grâce au fauteuil motorisé avec lequel elle se déplace et l’aide de ses parents, le boccia lui permet d’acquérir une indépendance souhaitable, voire même salvatrice. Entre le choix des balles à utiliser pendant les parties, le choix de la hauteur à laquelle les faire tomber du haut de la rampe, le boccia structure non seulement sa vie, mais lui donne l’occasion de prendre des décisions et de contrôler son jeu. Pendant une partie, Marylou devient indépendante. Elle peut même décrocher des médailles.

Améliorer ses compétences en boccia ne s’est pas fait seul. Ses parents, toujours présents, ont été jusqu’à ajouter un second étage à leur maison pour servir de salle d’entrainement qui consiste en un terrain de boccia à l’échelle réglementaire tracé sur le plancher. Plus besoin de faire des allers-retours entre Montréal et Québec. Marylou a d’ailleurs la possibilité d’enregistrer ses entrainements sur vidéo, ce qui permet aux entraineurs de l’équipe nationale de commenter ses méthodes et de l’aider à s’améliorer : plus besoin de s’habiller en hiver et de déneiger la voiture pour se rendre à un lieu d’entrainement moins optimal. D’autant plus que la salle d’entrainement est juste au-dessus, accessible par le biais d’un ascenseur installé sur le côté de la maison. Le dévouement de Josée et Louis est remarquable. Tout ça pour que leur fille puisse croquer la vie à pleines dents.

Marylou, athlète ambassadrice pour le Défi sportif AlterGo, rêve de devenir secrétaire. Elle connait trop bien les moindres détails de sa limitation, les moindres détails, entre autres, du manque d’indépendance dans sa vie. Mais avec l’aide de ses parents, son potentiel fleurit et lui permet de voyager, de se consacrer à sa passion et d’arriver à réaliser ses rêves, des actes, nous sommes en droit de le penser, que peu parmi la majorité arrive à accomplir.

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