Avez-vous écouté les Jeux paralympiques de Paris 2024? Avez-vous suivi les résultats au tableau des médailles?
Si oui, vous avez peut-être remarqué que le classement des pays durant les Jeux paralympiques est légèrement différent à celui des Jeux olympiques. Vous y avez peut-être trouvé des pays auxquels on ne s’attend peut-être pas comme l’Ukraine, le Brésil ou la Grande-Bretagne.
Quels facteurs influencent la performance paralympique des pays? Qu’est-ce qui explique que certains pays ont plus de succès aux Jeux paralympiques qu’aux Jeux olympiques?
La population, un facteur
Bien entendu, la population d’un pays peut avoir un impact sur sa performance aux Jeux, tant olympiques que paralympiques. Après tout, une plus grande population indique un plus grand nombre d’athlètes potentiels. Aux Jeux paralympiques, une autre statistique démographique entre en ligne de compte : la population de personne ayant une limitation fonctionnelle.
La Chine, grande première des Jeux paralympiques de Paris 2024, compte 85 millions de personnes en situation de handicap. C’est plus du double de la population complète de l’Ukraine.
Et pourtant, l’Ukraine termine régulièrement dans le haut du classement des médailles paralympiques. C’est entre autres parce que sa population en situation de handicap est assez importante, dû aux effets de la guerre et de la tragédie de Tchernobyl.
Le Brésil est un autre pays qui présente un haut taux de personnes ayant une déficience motrice, qui serait causé par la violence armée et les conditions sanitaires. Le pays se démarque également très bien aux Jeux paralympiques, ayant terminé 5e au classement cette année comparativement aux Olympiques, lors desquels il était 20e.
Population et population en situation de handicap par pays (en millions)
Une population plus nombreuse ne signifie toutefois pas toujours un meilleur résultat au classement. Le 4e pays le plus peuplé du monde, l’Indonésie, s’est classée 50 sur le tableau des médailles paralympiques de Paris 2024 et le Pakistan, 5e pays plus peuplé du monde, 62e.
L’importance de l’investissement
Les investissements d’un pays dans des infrastructures ou programmes adaptés, combinés à son engagement dans le recrutement et l’entraînement des para-athlètes semblent avoir un impact direct sur son classement au tableau des médailles.
En préparation de ses Jeux de Pékin en 2008, la Chine a investi dans les infrastructures et a entrepris une grande opération de recrutement des para-athlètes les plus prometteurs. Elle s’est dotée en 2007 du plus grand centre de préparation paralympique au monde. Ainsi, après s’être classée 11e à Atlanta en 1996 et 8e à Sydney en 2000, la Chine s’est hissée tout en haut du tableau des médailles à tous les Jeux paralympiques d’été.
De même, la création du Comité paralympique brésilien (CPB) et son financement important provenant des profits de la loterie, serait pour beaucoup dans les résultats du Brésil aux Jeux paralympiques.
Certains considèrent que l’Ukraine, qui a une culture du parasport très développée, a le système le plus efficace au monde, avec ses centres d’entraînement paralympiques dans toutes les régions du pays.
Nombre de médailles par pays à chaque Jeux paralympiques d’été depuis 1996
Les États-Unis sont un pays riche et avec une grande population qui est encore aujourd’hui numéro 1 au classement des médailles de tous les Jeux paralympiques combinés. Toutefois, la puissance Nord-Américaine n’a pas dominé le classement des Jeux paralympiques d’été depuis les Jeux d’Atlanta en 1996. Cela peut s’expliquer par le manque d’investissement et d’infrastructures spécifiquement destinés aux para-athlètes.
La représentation, un aspect primordial
En 2012, on déplorait le manque de diffusion télévisuelle des compétitions paralympiques aux États-Unis, qui était minime comparée à celle de la Grande-Bretagne, par exemple. Sans représentation, il est difficile de valoriser et de faire connaître les sports adaptés et ses athlètes à l’échelle nationale.
La Grande-Bretagne est un pays plus inclusif et a l’ambition d’utiliser la représentation paralympique et une grande variété de sports adaptés pour créer un véritable changement social. Cela se reflète dans ses résultats paralympiques : elle s’est classée 2e à Paris en 2024 et presque à tous les Jeux paralympiques d’été des années 2000.
Des pays plus inclusifs?
On peut conclure, que ce n’est pas parce qu’un pays se classe bien aux Jeux paralympiques qu’il est nécessairement un lieu plus inclusif et adapté pour les personnes en situation de handicap.
Un rapport de 2013 rapportait qu’en Chine, 28% des enfants en situation de handicap n’avaient pas accès à l’éducation. L’Ukraine n’offre pas beaucoup de soutien à ces personnes et n’est pas reconnue comme un pays particulièrement accessible. Même son de cloche au Brésil où l’on déplore que les villes sont toujours majoritairement hostiles pour les personnes handicapées.
Il n’y a pas de lien clair entre les primes financières des pays aux médaillés paralympiques et leur classement en 2024. La Chine attribuerait des récompenses variables selon le sport et les gouvernements régionaux. La Grande-Bretagne ne paie pas pour les médailles, bien qu’elle offre une allocation mensuelle pour l’entraînement. Le Canada et les États-Unis égalent leurs primes olympiques, qui restent basses comparativement à d’autres pays. L’Ukraine, avec ses primes élevées, valorise le parasport comme moyen de sortir de la pauvreté. Singapour offre parmis les primes les plus élevées, mais s’est classé 44e aux Jeux de Paris avec 3 médailles.
Récompense financière accordée à la médaille pour les athlètes paralympiques à Paris 2024
Le Canada dans tout ça?
Le Canada s’est classé 12e tant aux Jeux olympiques que paralympiques de Paris 2024, avec un peu moins de 30 médailles.
Le Canada n’a pas de programme national de recrutement ou d’entraînement des athlètes paralympiques centralisé. Ce sont les divers organismes sportifs et les entraîneurs qui ont le rôle de recruter des athlètes et d’entraîner ceux qui le souhaitent à la haute performance. De plus, la population ayant une limitation fonctionnelle au Canada est largement composée de personnes âgées.
Depuis le début des années 2000, le Canada se classe mieux aux Jeux paralympiques d’hiver qu’à ceux d’été, finissant dans le top 10 à toutes les éditions et même dans le top 5 depuis les Jeux de Vancouver en 2010.
Le classement, ce n’est pas tout…
Bien sûr, on aime tous voir les athlètes de notre pays performer et remporter des médailles.
Mais ce n’est pas la seule raison d’être des Jeux paralympiques.
Ils sont là pour la représentation, pour montrer à tout le monde ce que les personnes ayant une limitation fonctionnelle peuvent accomplir. Pour que les personnes en situation de handicap puissent voir des gens comme elles s’accomplir et se dépasser. Pour promouvoir l’inclusion et l’accessibilité.
C’est pourquoi le Canada doit continuer à s’engager dans le soutien des para-athlètes et des sports adaptés.
À lire également : Les Jeux paralympiques, joueur fondamental du changement social
SOURCES
France24 – Pourquoi la délégation chinoise est si forte aux Jeux paralympiques
Libération – Analyse. Jeux paralympiques 2024 : 94 médailles d’or, 220 podiums… pourquoi la Chine est-elle si forte ?
France24 – Avalanche de médailles : pourquoi le Brésil est-il si fort aux Jeux paralympiques ?
CNEWS – Voici les 5 pays les plus médaillés de l’Histoire des Jeux paralympiques
SIRC – DÉVELOPPEMENT DES ATHLÈTES PARALYMPIQUES AU CANADA
CNN sports – The US dominates the Olympics. Why can’t it do the same at the Paralympics?
BBC news – In which countries did Paralympians outperform Olympians?
The Guardian – Britain finish second in Paralympics medal table with ‘incredible’ 49 golds
CNBC Sport – Here’s how much athletes at the Paris Paralympics earn for winning medals
TomFlash News – Here’s how much athletes at the Paris Paralympics earn for winning medals