À 10 ans, Raphaëlle Tousignant a dû se faire amputer la jambe à la suite d’un cancer des os. Un an plus tard, elle est embarquée pour la première fois sur une luge de parahockey. Aujourd’hui âgée de 19 ans, elle fait partie de l’équipe du Québec et de l’équipe nationale féminine en parahockey. Elle a également participé à la série masculine Canada – États-Unis du Défi sportif Altergo en 2019. Nous nous sommes entretenus avec Raphaëlle en l’honneur de la Journée internationale des droits des femmes pour parler de son dévouement pour le parahockey, un sport adapté majoritairement pratiqué par des hommes, et de ses ambitions sportives.

 

Qu’est-ce qui t’a amenée à jouer au parahockey?

Avant mon amputation, je jouais à la ringuette, et c’était vraiment mon sport. J’aimais le sentiment d’être sur la glace, donc après mon amputation, j’ai donné le défi à mon père de trouver un sport qui allait être adapté, et si possible sur la glace. Il a trouvé le parahockey, et un samedi matin, avec l’aide de ma physiothérapeute, je suis allée l’essayer. Je suis tout de suite tombée en amour avec le sport. Le hockey a toujours occupé une grande place dans ma famille, surtout du côté de mon père, donc il fallait que ça arrive!

 

À quoi ressemble ta préparation physique?

Je vais m’entraîner sur la glace 1 à 4 fois par semaine, et 3 à 5 fois par semaine en dehors, selon les moments que j’aurai eus à l’aréna. Sinon, je fais des exercices de mobilité pour mes épaules afin de réduire le risque de blessures. J’aime aussi faire du yoga pour m’étirer. Avant une compétition, je m’entraîne avec des charges moins lourdes pour éviter les courbatures, je fais encore plus attention à ce que je mange qu’à l’habitude, et je vais m’assurer d’avoir de bonnes nuits de sommeil.

 

Comment as-tu trouvé ton expérience avec l’équipe nationale de développement masculine lors de la série Canada-États-Unis du Défi sportif AlterGo 2019?

Description de l'image : L'équipe canadienne masculine de parahockey, incluant Raphaëlle Tousignant.

C’était vraiment une expérience enrichissante. Je crois que ce qui a aidé à rendre cette expérience encore plus incroyable, c’est que lorsque j’ai été invitée, je ne pensais pas vraiment faire l’équipe. J’y allais donc dans une perspective d’apprentissage pour ramener ça avec les filles. Finalement, quand je suis arrivée là, je me suis rendu compte que j’avais peut-être des chances de faire l’équipe!

D’accomplir un de mes petits rêves, qui était de percer davantage chez les hommes au niveau national, c’était incroyable. J’ai tellement aimé mon expérience, j’ai tellement appris, ne serait-ce qu’au niveau « professionnel », sur les façons d’agir et de se préparer. En plus, on avait l’équipement fourni, il y a des gens qui sont là pour aiguiser les lames, prendre soin de la luge… Ce sont des choses qu’on n’avait pas du côté féminin, donc j’ai pu grandir de cela et apporter tout ce que j’avais appris chez les femmes, en plus de vivre l’expérience d’être sur l’équipe.

 

Quelle place prend le parasport féminin au sein de la société, selon toi?

Selon moi, le parasport féminin n’est pas encore assez mis de l’avant. Je constate que c’est sous-représenté, sous-développé, sous pas mal tout je te dirais!

Ce que je trouve dommage, c’est qu’il y a beaucoup d’ignorance. Même au niveau du parahockey, en parlant avec certains gars, ils n’avaient pas conscience du fait qu’on ne peut pas se rendre aux Jeux paralympiques, car il n’y a pas assez d’équipes féminines au niveau mondial. On est aussi sous-estimées. Je crois qu’il y a encore beaucoup de préjugés par rapport au sport féminin. On est souvent ramenées au fait que « Tu es une fille, donc tu as moins de compétences sur glace qu’un homme ».

J’espère un jour pouvoir avoir les mêmes opportunités de compétition avec l’équipe féminine. L’objectif devrait être de nuire au moins grand nombre de personnes possible dans la pratique du sport.

 

Quel(le)s modèles t’inspirent à faire de l’activité physique?

J’aime m’inspirer des personnes que je connais ou que je rencontre. En ce moment, je te dirais que c’est Marie-Philip Poulin. Comme les Jeux olympiques viennent de terminer, on entend davantage parler du hockey féminin, et j’ai eu la chance de la rencontrer et de jouer au golf avec elle. C’est quelqu’un qui est vraiment terre à terre, et pourtant, elle a accompli beaucoup de grandes choses. Elle mise sur le développement du sport, et elle s’implique au niveau du hockey féminin. C’est un modèle dont j’essaie de m’inspirer pour développer le parahockey féminin, pour un jour aller aux Jeux paralympiques dans mon sport.

 

Jusqu’où souhaites-tu te rendre dans le sport?

J’ai toujours rêvé aux Jeux olympiques, même avant mon amputation. Quand j’ai commencé à jouer au parahockey, c’était l’année des Jeux paralympiques à Sotchi. Je me disais « Moi aussi, un jour, je veux y aller ». C’est sûr qu’au départ, je n’avais pas conscience du fait qu’il n’y a pas de compétition féminine en parahockey, donc je me suis lancée dans le sport en ayant cet objectif-là en tête. Comme j’ai chéri pendant plusieurs années ce rêve-là, c’est sûr que je ne suis pas prête à le laisser de côté. J’adorerais y arriver dans ce sport qui me donne envie de bouger qu’est le parahockey.

 

Raphaëlle est un modèle pour toutes les jeunes filles ayant une limitation fonctionnelle qui désirent faire du sport. On lui souhaite du succès dans la poursuite de ses objectifs!

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