Saoud Messaoudi est né avec le spina bifida. Caractérisé par un mauvais développement de la colonne vertébrale, la malformation a affecté les nerfs de croissance de sa jambe gauche. On a d’ailleurs dû l’amputer. Déjà bien engagée sur une voie loin des sentiers battus, sa vie a emprunté une direction encore plus inusitée. À l’âge de 10 ans, il a quitté le Maroc pour s’établir au Québec avec sa famille. Il a 21 ans aujourd’hui. 11 années, donc, à avoir grandi loin de Casablanca, la ville où il est né.

 

La famille d’abord

Pourquoi sa famille et lui sont-ils venus ici? D’abord, les services médicaux pour Saoud Messaoudi coutaient trop cher au Maroc. Les visites chez le médecin, le fauteuil roulant, les prothèses, tout ça est plus accessible au Québec. Mais il y a plus : les parents de Saoud désiraient que leurs enfants aient accès à des études supérieures de meilleure qualité.

Tous deux universitaires, les parents du futur athlète ambassadeur n’ont pas pu faire reconnaitre leurs acquis et leurs compétences. Ils ont dû faire preuve de persévérance afin de créer une vie sur mesure pour leur famille. À titre d’exemple, Redouane, son père, s’est retroussé les manches et a refait tout son parcours universitaire.

Les sœurs de Saoud ne sont pas tombées loin de l’arbre.

« Les deux ont gradué à l’université. Elles étaient les premières en natation. Elles ont cette mentalité de toujours mieux travailler, d’être la meilleure version d’elles-mêmes, d’être souriantes et de toujours essayer d’aider les gens. C’est quelque chose que j’essaie de faire dans la vie de tous les jours, même si c’est parfois difficile et que les choses ne vont pas toujours bien. »

Mais le futur athlète avait de la chance : la vie quotidienne l’exposait sans cesse aux membres de sa famille qu’il considère toujours comme des modèles. La persévérance et la résilience qu’il en a retirées allaient lui servir.

 

Le sport pour continuer

En plus de devoir relever les épreuves typiques de l’adolescence, Saoud a aussi dû faire face à ceux qu’imposait sa limitation fonctionnelle.

« Les adolescents ont déjà des défis par rapport à leur identité, à leurs interactions, et en plus de ça, tu as une limitation et tu commences à stresser parce que tu vois un escalier. Là tu te demandes comment tu vas faire pour le descendre, comment les autres vont te percevoir. »

C’est dans le sport qu’il s’est dépassé et qu’il a persévéré. Comme ses sœurs, il a fait de la natation, mais a vite eu la piqure du parahockey après un premier essai. Connu pour être rapide sur la glace, il a pourtant une préférence pour le moment qui précède les matchs. Le moment où l’équipe s’impatiente à l’idée d’affronter l’adversaire, où l’entraineur les motive avec son discours. L’ébullition atteint son comble et tous ensemble, ils poussent leur cri d’équipe. Il faut voir ici un thème qui revient souvent chez Saoud : l’importance de l’équipe, des gens qui nous entourent et des modèles parmi eux. C’est peut‑être en partie pourquoi il est conseiller junior pour les Amputés de guerre. Avoir traversé de nombreuses épreuves lui a permis d’acquérir de la sagesse et fait de lui une sorte de phare pour les plus jeunes qui ont des limitations fonctionnelles.

Alors, un escalier? Il n’y a rien là!

Mais l’équipe n’est pas seulement là pour l’aider à compter des buts. Ses coéquipiers répondent aussi à ses questions.

« Je commence à entrer dans la vingtaine. Je vais probablement fonder une famille, mais je me questionne sur les défis que je vais relever en tant que père en fauteuil roulant. Mais je ne suis pas inquiet. J’ai des coéquipiers qui sont en fauteuil roulant et qui ont des enfants. Ils m’orientent. Je vois que c’est faisable. »

 

La résilience qui inspire la relève

En plus de tout ça, l’athlète de parahockey complète un parcours universitaire en génie logiciel pour éventuellement créer des programmes informatiques qui serviront à résoudre des problèmes et à répondre à des besoins. « Quand j’étais plus jeune, c’est moi qui réparais les ordinateurs et les télévisions à la maison. »

S’illustrer dans les sports, servir de modèle, finir son parcours universitaire, être un athlète ambassadeur pour le 40e Défi sportif AlterGo, être une bonne personne et toujours avoir le sourire… On lui demande s’il ressent une forme de pression à toujours essayer d’être le meilleur de lui‑même.

« Je dirais que oui, il y a une pression, une influence. Mais je dirais que c’est une influence très positive. Ça me pousse à persévérer et à atteindre le plus haut niveau possible. À aussi me construire une vie qui est à la hauteur de mes ambitions. »

Une bonne influence, donc, ainsi que des ambitions élevées que reflètent ses exploits. Prenons par exemple la médaille d’argent qu’il a obtenue en natation lors du Défi sportif AlterGo en 2016 et la médaille de bronze qu’il a remportée la même année aux Jeux du Québec. Comme si ce n’était pas assez, ajoutons celles qu’il a décrochées en parahockey où il fait aussi bonne figure : une médaille d’argent lors du tournoi Adaptavie de 2018 et une autre pour la Coupe internationale de parahockey en République tchèque. Mais ceci n’est qu’un avant-gout. Il a accompli plus et compte se dépasser davantage.

La persévérance et la résilience sont des qualités aux allures de fardeaux. En raison de leur nature, elles nous poussent à affronter une force extérieure. À constamment déployer des efforts. Saoud nous démontre qu’un entourage adéquat facilite les choses. C’est ce que font sa famille, ses coéquipiers, et c’est ce qu’il fait en tant qu’athlète ambassadeur.

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