C’était il y a presque 10 ans. Iulian Ciobanu prenait part à son premier Défi sportif AlterGo et lançait sa première balle de boccia dans une compétition internationale, en double avec sa coéquipière Alison Levine. Et cette première balle, un lancer parfait qui a caché complètement le cochonnet, lui a valu une ovation.

C’était un moment très spécial pour l’athlète qui avait été initié au sport moins d’un an plus tôt et qui découvrait un tout nouveau monde de compétitions sportives où tous les athlètes ont une limitation fonctionnelle. Un monde d’inclusion, de résilience et de courage qui lui a fait ressentir un fort sentiment d’appartenance.

Ce n’est pas une surprise que près d’une décennie plus tard, Iulian, qui a depuis participé deux fois aux Jeux paralympiques et qui est considéré comme le 4e meilleur joueur de boccia au monde à la suite d’une année couronnée de succès, est un des athlètes ambassadeurs de ce même Défi sportif AlterGo où tout a commencé pour lui. « Tout part d’ici », c’est le cas de le dire.

Connu pour son calme et sa résilience sur le terrain, c’est avec un grand sentiment d’accomplissement, mais aussi de responsabilité que Iulian revêt ce rôle. Être un modèle pour les jeunes athlètes et participer à faire vivre la mission du Défi sportif AlterGo sont deux choses qui le rendent très fier et ça se sentait dans le tête-à-tête réalisé avec lui, à quelques semaines à peine du début de la 41e édition de l’événement dans le cadre du quel il participera à  la Coupe du monde de World Boccia – Montréal 2024.

Qu’est-ce ça fait d’être un athlète ambassadeur du Défi sportif AlterGo?

C’est comme voir quelqu’un à la télé, quand on est enfant! Si je repense à quand tout a commencé en 2015, je ne connaissais personne, je ne connaissais rien du Défi sportif AlterGo. Ça a été une évolution graduelle à tous les Défis, toutes les compétitions, donc ce n’est pas une surprise. Aujourd’hui, je suis médaillé d’or, je vais me voir sur les affiches ici et là. C’est un grand sentiment d’accomplissement et une grande responsabilité. Hier, j’étais un simple joueur de boccia, maintenant je suis un modèle pour les jeunes qui commencent leur carrière. Bien sûr, c’est un plaisir et un honneur.

Si on revient à tes débuts comme athlète, comment as-tu découvert le boccia?

C’était par accident! J’ai participé à un événement de Dystrophie musculaire Canada où on pouvait participer aux essais de boccia et de soccer en fauteuil roulant. Étant curieux et aventureux depuis mon enfance, j’ai accepté sans trop savoir ce que c’était. J’ai rencontré César Nicolaï (NDRL l’actuel entraîneur-chef de l’équipe nationale de boccia), il m’a fait lancer une ou deux balles, il m’a expliqué que le boccia, c’était sérieux, qu’il y avait des compétitions partout dans le monde, dont les Jeux paralympiques. Il essayait de me vendre le sport. Alors, j’ai commencé à m’entraîner avec l’équipe nationale, j’ai été à quelques compétitions et c’était vraiment cool. C’est comme ça que ça a commencé.

Quelle est ta plus grande fierté?

Bien sûr, c’est une grande fierté de se rendre aux Jeux paralympiques et de représenter le Canada, mais je dirais que la plus grande fierté, c’est d’obtenir la qualification de ton pays pour ces Jeux. C’est un travail, un cycle de quatre ans et lorsque tu arrives à la fin et que tu qualifies ton pays à un si grand événement, c’est vraiment une fierté. Et maintenant, de jouer d’autres rôles que celui d’athlète, le rôle d’ambassadeur, le rôle de mentor, de faire partie d’un mouvement, ça aussi ça me rend très fier.

Parlant des Jeux paralympiques, qu’est-ce que tu retiens de tes participations en 2016 et 2020?

À mes premiers Jeux, au Brésil en 2016, je venais juste de rejoindre l’équipe nationale. Après un an, je suis allé aux Jeux et je n’ai pas joué beaucoup, mais ce qui m’a impressionné c’était de voir tous ces athlètes avec des handicaps, de tous les pays du monde rassemblés ensemble. C’était wow! C’était comme une immense famille qui compétitionne dans un monde où il n’y a pas de handicap.

À Tokyo, à mes deuxièmes Jeux, comme on avait manqué une année de préparation à cause de la pandémie, c’était une compétition plus difficile. On était en train de construire une équipe, pas seulement les athlètes, mais l’équipe derrière nous aussi.

Aujourd’hui, on en cueille les fruits de ce travail-là. Paris, c’est mon premier cycle complet de quatre ans. Je continue de grandir, d’atteindre de nouveaux sommets.

Vraiment, le plus important c’est le sentiment d’appartenance, le mouvement. On envoie un message partout sur la planète aux personnes en situation de handicap, mais aussi à tout le monde : un message d’inclusion, de non-discrimination, de courage et de résilience.

Parlant de l’équipe, qu’est-ce que ça fait de jouer avec ta coéquipière Alison Levine?

Alison et moi, on est tous les deux parmi les meilleurs au monde en boccia et ensemble on est les meilleurs en BC4. Quand tu joues avec ton partenaire qui est parmi les meilleurs, tu te sens complet. On a travaillé beaucoup d’années ensemble et on a construit quelque chose, une chimie, un sentiment d’être complet. Si demain, je jouais avec quelqu’un d’autre, il faudrait reconstruire cette chimie-là. C’est un plaisir de jouer avec une joueuse excellente, motivée et qui aime ce qu’elle fait comme Alison.

Quelle est ta force sur le terrain?

Je vais dire ce que les gens disent de moi, plutôt que ce que je crois (rires). Ce que les gens voient, c’est que je suis toujours en contrôle, que je suis calme. C’est rare qu’on va me voir stressé. Quand je suis sur le terrain, c’est du plaisir que j’ai, je suis tellement absorbé par le jeu, je vis dans le moment. Même si on est en arrière, il y a toujours l’espoir qu’on va gagner. Il faut chercher le momentum, et pour ça, il ne faut pas paniquer, il faut être calme. Il faut trouver le momentum pour réussir à mener le jeu.

As-tu un message pour les jeunes athlètes qui commencent leur carrière?

Le parcours de chacun est différent, c’est important de comprendre ça et de ne jamais se comparer aux résultats des autres. Chacun suit son propre cheminement. Il faut être très, très, très patient. Moi, je l’ai vécu, j’ai été impatient, je voulais avoir des résultats vite, mais ça se produit naturellement. Il faut se laisser absorber par le processus, qui peut être long et faire mal quand il y a des défaites. Mais c’est ça qui construit ton expérience. Le plus important c’est de continuer à aimer ce que tu fais, malgré les bas. Il faut croire en ce qui s’en vient. J’ai toujours cru que le mauvais allait disparaître et que le bon allait rester. C’est une évolution normale, mais il faut avoir de la patience, patience, patience.

Et pour finir, qu’est-ce que tu souhaites accomplir dans les prochains mois?

Pour les prochaines compétitions qui s’en viennent, à Montréal, au Portugal et même à Paris, je ne veux pas rien de spécial. Je continue, je ne tiens rien pour acquis. Tout peut arriver et il faut être prêt. Que la compétition soit difficile ou facile, je vais rester calme et résilient et continuer à travailler là où il faut. Je n’ai pas des gros objectifs, ce n’est pas un objectif pour moi d’aller chercher une médaille. Je veux juste jouer chaque balle, chaque manche et rester fidèle à la routine que j’ai développée depuis des années.

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