« Ma plus grande fierté, c’est d’avoir reconstruit une vie que j’aime énormément et, en ce moment, je ne la changerais pour rien. »

10 ans après l’accident de moto qui l’a rendue paraplégique, Sofia Fassi-Fehri, membre de l’équipe nationale de basketball en fauteuil roulant qui part cette semaine au Japon dans le but de se qualifier pour les Jeux paralympiques de Paris 2024, ne changerait pas sa vie.

Dès le moment où elle a commencé sa réadaptation, Sofia savait qu’elle ferait tout pour pouvoir continuer à faire du sport. Sportive depuis l’enfance, elle n’allait pas laisser tomber cette passion, ce besoin qui l’avait animée toute sa vie.

Rien ne l’arrête : elle a essayé à peu près tous les sports adaptés imaginables : ski nautique, ski alpin, escalade, tennis et même le kitesurf. Ça n’a pas été facile, mais après avoir vu des kiters à l’œuvre il y a 3 ans à Oka, Sofia savait qu’il s’agissait de sa prochaine aventure. Après de nombreuses démarches, et un essai infructueux avec son matériel de ski nautique adapté, elle a finalement découvert une école de kitesurf adapté en Grèce. Mission accomplie!

Pour Sofia, le sport adapté, c’est aussi une affaire de famille. Ses sœurs, Meriem et Zineb, l’ont rejoint à Montréal après son accident et depuis, elles jouent toutes les 3 au basketball en fauteuil roulant au sein de l’équipe du Québec. Très proches, les 3 sœurs ont le plaisir de partager le terrain, de voyager ensemble pour les compétitions et d’être animées par une passion commune.

Aujourd’hui, Sofia Fassi-Fehri amorce un changement de carrière. Son objectif? Travailler en réadaptation et améliorer l’accès aux sports adaptés au Québec. Un parcours qui s’accorde parfaitement avec ce que ça signifie pour elle d’être athlète ambassadrice du Défi sportif AlterGo.

Peux-tu nous parler de tes expériences au Défi sportif AlterGo?

Dans le fond, j’ai participé pour la première fois au Défi sportif AlterGo la première année après avoir commencé à jouer au basketball en fauteuil roulant. C’est juste vraiment un tournoi amical, le fun et où on ne se prend pas au sérieux. C’est aussi l’occasion de jouer avec des équipes qui ne viennent pas juste du Québec. Des fois, il y a des équipes de l’Ontario qui viennent, ça donne un peu de diversité. Et c’est le fun, on en profite pour socialiser, voir du monde.

Qu’est-ce que ça signifie pour toi d’être athlète ambassadrice du Défi sportif AlterGo 2024?

C’est pour donner plus de visibilité au Défi sportif AlterGo, partager mon expérience sur comment je suis arrivée à mon niveau de basket et aussi sensibiliser plus le monde au sport adapté.

Comment as-tu découvert le basketball en fauteuil roulant et quel a été ton parcours?

J’ai eu un accident de moto il y a à peu près 10 ans et après ça en réadaptation, j’ai eu une kinésiologue qui a compris que j’aimais beaucoup le sport et elle m’a donné une liste de sports adaptés à essayer. La première fois que je suis allée essayer le basketball en fauteuil roulant, je suis allée avec une de mes sœurs. On a joué un peu toutes les deux et elle m’a dit « Si toi tu ne veux pas jouer, moi je vais m’y mettre ». Ma sœur n’a pas de handicap en passant. C’est devenu un peu comme un sport de famille. On est quatre enfants et trois, mes deux sœurs et moi, on joue au basket AA et AAA dans l’équipe du Québec depuis 7 ou 8 ans.

Puis, il y a deux ans, mon coach dans l’équipe du Québec, qui est aussi coach de l’équipe canadienne, m’a proposé, pendant les championnats canadiens, de commencer à m’entraîner avec l’équipe nationale. Là, on part mardi [le 9 avril] pour le Japon pour les qualifications des Jeux paralympiques, fait que ça se peut qu’on se retrouve à Paris en septembre.

Avais-tu essayé d’autres sports sur la liste donnée par ta kinésiologue?

Ouais, en équipe, j’ai essayé le rugby en fauteuil roulant, mais je ne suis pas classifiable pour le rugby parce que je ne suis pas tétraplégique. J’ai fait pendant un petit moment de l’athlétisme. J’ai fait du ski nautique et du ski alpin. C’est pas mal tout ce que j’ai essayé avec ma kiné.

Sinon, j’ai fait tous les sports possibles et imaginables. J’ai appris par moi-même à jouer au tennis, je fais du surf, je suis allée faire du kitesurf en Grèce il y a deux ans, de l’escalade. J’ai pas mal fait tout ce que tu peux imaginer.

Qu’est-ce que ça t’apporte le sport?

J’ai toujours fait du sport, même avant. Je faisais du soccer, je ne peux plus en faire, mais j’ai joué presque toute ma vie au soccer. Je suis compétitive, j’aime l’adrénaline et les sports de contact. Quand j’étais en réadaptation, ça me manquait de pouvoir aller faire du sport, me défouler. Quand je passe une mauvaise journée, je vais aller faire du sport et ça va me recharger. Ça a toujours fait partie de ma vie. Quand j’ai eu mon accident, j’ai pensé : « c’est sûr que je vais reprendre le sport », donc j’ai tout fait pour ça.

Quelle est ta plus grande force sur le terrain de basketball en fauteuil roulant?

Ma vision du jeu. Dans le fond, au basketball en fauteuil roulant, on a un système de classification en fonction du niveau de handicap et moi j’ai le niveau de handicap le plus élevé dans mon équipe, donc je vaux un point. Mon rôle à moi, dans l’équipe, c’est d’ouvrir le passage pour les joueuses plus grandes qui vont aller faire les paniers. Je joue beaucoup pour mes coéquipières qui ont un niveau de handicap moins élevé. Ma force, c’est d’avoir une vision du jeu qui me permet de leur offrir une facilité pour aller faire des paniers.

Comment trouves-tu ça de jouer avec tes sœurs?

J’adore ça jouer avec mes sœurs, parce qu’on a une passion en commun! Quand on part en compétition, c’est toutes les trois, on a chacun notre fauteuil de basket. Ça chauffe des fois sur le terrain. Entre fratries… il y a des choses qu’on n’ose pas dire ou faire à d’autres personnes, mais quand c’est tes sœurs, tu te le permets.

C’est comme une compétition de plus, ça donne envie de se pousser plus fort. On s’entend aussi très bien donc c’est juste le fun de jouer avec mes deux sœurs.

Qu’est-ce que tu aimerais accomplir dans les prochaines années?

Dans les prochains mois, j’aimerais ça aller aux Jeux paralympiques. Ça, c’est l’objectif à court terme.

En ce moment je suis de retour aux études, j’ai commencé le bac-maîtrise en ergothérapie, je veux travailler dans le milieu de la réadaptation. J’aimerais bien ça pousser et faire évoluer le sport adapté. Il y a des sports adaptés qui sont vraiment développés au Québec, comme le basketball et le rugby. Mais il y en a plein d’autres qui ne sont pas présents ou qui sont encore nichés. J’aimerais bien ça améliorer l’accès au sport adapté.

Quelle est ta plus grande fierté?

En être arrivée là où je suis en fonction de mon parcours de vie. J’ai quand même eu un gros accident. Comparativement aux autres, je connais Iulian (Ciobanu, athlète ambassadeur du Défi sportif AlterGo en boccia), je ne me compare pas, il a quand même un plus gros handicap que moi. Mais se retrouver en fauteuil roulant, paraplégique, du jour au lendemain… et dix ans après, j’ai changé de carrière quatre fois, je joue avec l’équipe nationale de basket. J’ai reconstruit ma vie, c’est ça ma fierté. J’ai reconstruit une vie que j’aime énormément et qu’en ce moment, je ne changerais pour rien.

Qu’est-ce que tu voudrais passer comme message aux jeunes para-athlètes?

De persévérer. Veut, veut pas, au début des fois c’est difficile et on se dit qu’on n’y arrivera jamais. Mais avec de la persévérance et de l’entraînement, on finit par accomplir des choses qu’on n’aurait pas pensé pouvoir accomplir. Il faut juste continuer, persévérer.

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